Un questionnaire transmis par Thomas Garric étudiant en Master 2 d'Information Communication à l'université de Nantes. Les réponses sont publiés sous licence Creative Commons by sa

Pourquoi la municipalité de Brest s'est-elle tant impliquée dans le développement des TIC ?

La diffusion des outils du numérique dans la société est une transformation qui touche de nombreux domaines : activité professionnelle, loisirs, éducation, vie dans la cité et lien social. Les personnes sont très inégales pour prendre en compte cette évolution par leur formation, leur âge, leur insertion sociale et professionnelle. Au fur et à mesure du développement des usages et des services, celles et ceux qui n'y ont pas accès sont de plus en plus exclus.

Ce fut l'origine des Papis, ces points d'accès publics qui permettent un accès public accompagné en proximité des habitants et qui sont maintenant 77 à mailler toute la ville. Un second axe a été l'appel à projet annuel qui a permis de soutenir près de 200 projets en 7 ans et dont un bilan est en cours cette année.

Au fur et à mesure de la diffusion d'internet et du multimédia les axes de l'écrit public, de la co-production de contenus ont été développés avec une envie de favoriser l'expression, de donner à voir, de rendre public ce qui est public et de contribuer à étendre les biens communs.

La démarche de travail en réseau en impliquant les acteurs associatifs et de l'éducation populaire a permis d'initier une politique où le multimédia devient un biais pour reconquérir l'estime de soi et la reconnaissance des personnes dans une politique qui a en souci le lien social et le vivre ensemble dans la cité et au pays de Brest .

Comment se prennent les décisions au niveau communal ? Qui sont les personnes qui proposent toutes les initiatives ?

La ville porte un projet global qui ne vit que par l'appropriation progressive par les acteurs de la cité. Chaque anné depuis 1997, une demi-douzaine de points d'accès publics nouveaux s'ouvrent, témoin de cette diffusion progressive.

Il faut souvent 3 à 4 ans pour qu'une association passe d'une découverte du multimédia à un projet à elle, qui utilise les outils numériques et parfois invente de nouveaux usages.

C'est la diversité de ce réseau d'acteur-ice-s, leur implication dans un projet qui font la richesse de la dynamique Brestoise, épaulée par la municipalité et le soutien de la région pour certains projets.

Quels sont les domaines que vous privilégiez ?

Les thèmes d'actions se sont élargis au fil des ans et sont davantage en articulation qu'en hiérarchie (voir les centaines d'articles publiés sur a-brest pour une illustration concrète de ces projets).

• L'accès public accompagné reste incontournable quand plus de la moitié des habitants n'a pas encore accès à internet à Brest comme ailleurs.
• L'écrit public est une volonté de favoriser l'accès des associations et des personnes aux outils de publication. Donner à voir publiquement est plus un changement culturel qu'une initiation technique et demande le temps long des changements humains.
• Le réseau des écoles brestois est le socle qui permet à chaque enfant scolarisé à Brest d'utiliser les outils de l'informatique de l'internet et du multimédia.
• L'appel à projet est le mécanisme qui permet la diffusion progressive de l'innovation sociale et des usages/
• Le CD bureau libre free eos permet d'équiper les personnes en outils de bureau et sensibilise les habitants au logiciel libre.
• La co-publication sur a-brest habitue à donner à voir ce qui est financé par l'argent public, à l'écriture des associations sur un blog collaboratif
• Celle sur participation-brest montre que l'écriture ouverte aux conseillers de quartiers, la mise en ligne systématique des compte-rendus de réunion, la publication ouverte favorisent le débat public et la citoyenneté
• La mise en oeuvre d'une dizaine de wikis montre l'efficacité et l'intelligence collective d'un travail collaboratif ouvert
• Les projets de wiki-brest des wiki-balades reprennent localement les principes d'écriture ouverte de wikipédia et contribuent à élargir nos biens communs.
• Le média blog et les projets autour des radios web, des TV web encouragent une appropriation du multimédia dans les quartiers, la ville, les collèges et les lycées.

A quelles difficultés vous confrontez-vous pour que les décisions du conseil municipal aient un écho sur le terrain ?

La difficulté n'est pas dans le passage de la décision au quartier, mais dans la construction d'une implication porgressive des acteur-ice-s de la ville et d'une appropriation des enjeux par les élus qui dégagent les moyens nécessaires de cette politique d'appropriation sociale.

Quelles ont été les décisions les plus difficiles à prendre ces dernières années ?

Le service n'existait pas au départ. L'ouverture de postes, la prise en compte de nouvelles activités dans la politique publique fait débat, demande à être expliquée et progressivement reconnue.

Quelle est la politique de la ville de Brest en faveur des logiciels libres ? Quel rôle peut jouer une municipalité pour encourager leur démocratisation ?

La dynamique du CD "Bureau-libre Free-eos" est symbolique de ladémarche brestoise. Le Cd a été conçu en trois réunions en partenarit aves Free Eos, Archipel du libre et une trentaine d'acteurs brestois. Très vite la diffusion a dépassé les miliers d'exemplaires édités par la ville pour concerner les 30 000 étudiants de première année en Bretagne une dizaine d'universités en France. En deux ans deux versions ont été diffusés, 200 000 exemplaires sont présents dans beaucoup de région ..

Et nous commençons une étude pour accompagner la diffusion dans les 100 lycées de la région Bretagne parce que nous sommes persuadés qu'il ne suffit pas de proposer des logiciels, beaucoup de peronnes doivent être accompagnées.

Ce CD nous montre que localement dans une ville on peux apporter notre contribution au développemnt des logiciels libres.

Et maintenant ce choix est celui de nombreux papis, lorsque l'on développe un squelette pour a-brest ou le médiablog c'est tout naturellement qu'ils sont mis en GPL.

Comment voyez-vous le développement de l'Internet urbain dans les prochaines années ?

Le multimédia prend toute sa place dans la cité et c'est à la ville de relier et d'encourager toutes ces formes d'expression avec le souci de prendre en compte l'expression des personnes éloignées de ces médias.

Internet s'est construit sur des protocoles de communications ouverts et la collaboration. L'extension des biens communs est au coeur des développements successifs du web. C'est aussi à la ville de faire vivre cela sur le territoire où nous habitons en élargissant l'accés aux informations publiques en invitant à écrire, donner àvoir partager les savoir, collecter les mémoires.

Où en êtes-vous dans le développement des téléservices de proximité ?

Ce n'est pas une priorité du service. La ville de Brest s'inscrit dans le mouvement général de mise en oeuvre des telé-services au fur et à mesure de l'évolution des technologies. Quelques services innovants ont été développés comme les images de Brest vues du ciel reliés au plan cadastral.

Comment la ville de Brest s'implique dans la formation et l'initiation des citoyens aux TIC ?

Par l'organisation de dizaines de petits ateliers chaque année en soutien aux enseignants il y a quelques années, pour les associations, les journaux de quartier, les conseils de quartier aujourd'hui.

Comment faire en sorte que certaines classes de la population brestoise ne restent pas en marge de cet accès ?

Le projet internet de quartier à Kerourien a montré la pertinence d'une politique d'appropriation sociale au sein d'un quartier d'habitat populaire. En deux ans une dizaine d'initiatives sont issues du quartier.

Pour que cette démarche diffuse dans la ville, il faut à la fois une demande des acteurs des autres quartiers et que la ville dégage progressivement des moyens pour l'indispensable médiation humaine coeur de la réussite d'une appropriation réelle.

Quels sont les chantiers en cours ou les chantiers à venir dans le domaine des TIC à Brest ?

Il ya d'abord tous les projets en cours qui continuent parce que l'appropriation c'est du temps long, 10, 15 ans .. Et cette année c'est le premier anniversaire de wiki-brest, le lancement des wiki-balades la rencontre des collectes de mémoires.

Et puis il y aura le projet '78' des années 2007 - 2008 c'est un projet de web social territorial qui s'articule autour de 3 devises :

• donner c'est pas jeter
• échanger c'est rencontrer
• 0 PIB mais plein de biens communs !