Production et la diffusion des « cultural heritage »

De Wiki @ Brest

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Contexte général.

Les organisations publiques et les professionnels qui les composent ont pour habitude de traiter les biens publics informationnels qu'ils détiennent, produisent et gèrent comme des biens enclos, c'est-à-dire privatisés et mis à la disposition de groupes fermés d'usagers. Or, depuis quelques années, on assiste à l'ouverture des fonds de biens publics informationnels grâce notamment à leur mise à disposition sur Internet.

Cette ouverture ne se traduit pas uniquement par la mise en ligne des contenus mais par la possibilité qui est donnée aux 'publics' de participer, librement à l'enrichissement de ces biens.

Ce mouvement d'ouverture des biens publics informationnels au plus grand nombre pose la question générale de savoir comment les professionnels des organisations publiques abordent, dans leurs relations sociales et leurs pratiques professionnelles, les changements liés à l'introduction des outils et des méthodes qui sous-tendent la société de l'information. Il suggère donc que les changements introduits dans les modalités d'exercice du service public concerné touchent à la fois la production de contenu (savoir), la production de méthodes (savoir-faire), la redéfinition des liens sociaux (savoir-être) entre tous les acteurs concernés (professionnels et public(s). Cette approche collaborative marque une transformation du rapport au public qui n'est plus seulement consommateur mais aussi contributeur, voire partenaire. Elle questionne également la manière dont les biens produits, de manière collaborative, sont utilisés et appropriés.

La production et la diffusion des « cultural heritage » en pays brestois..

La conservation d'un site industriel, l'identité d'un quartier, la passion d'un métier, la conservation des traditions musicales sont souvent portés par quelques individus fiers de leurs histoire, de leur expérience, de leur savoir et prêts à les offrir en partage aux jeunes générations ou aux nouveaux arrivants. Portés par des associations ou des structures de quartiers, se déploient une activité de plus en plus fébrile autour de la collecte de mémoire qu'elle soit ouvrière ou paysagère, citadine ou rurale.

En outre, le développement des outils multimédia ouvre des possibilités de collecter, mémoriser, archiver cette richesse collective sous des formes aussi diverses que la vidéo, la photographie, le son ou le texte.

Ce travail se fait donc souvent hors des sentiers battus, hors des canaux institutionnalisés de diffusion de l'information et de la 'culture'. Alors que d'un autre côté, les sites qui promeuvent l'héritage paysager ou architectural d'un village ou la richesse d'une région peuvent constituer autant de fenêtres ouvertes pour des visiteurs potentiels: chercheurs ou amateurs, curieux ou touristes. Autant de ressources dont pourraient s'emparer les institutions locales telles que les offices de tourisme ou les services culturels municipaux.

Cependant, à la question de l'enclosure des biens publics soulevée en introduction, vient se substituer celle de l'enclosure de l'héritage ou de son patrimoine commun. En effet, entre le pillage du patrimoine médicinal des communautés sud-américaines par les filières cosmétiques ou pharmaceutiques, l'ouverture des archives d'Ile et Villaine à une production collective pro-am, l'estanpillage 'copy right' sur la plupart des productions informationnelles des collectvités territoriales et le succès de wikipédia, quelle place peuvent espérer les 'petits producteurs du patrimoine culturel local ? Auterment dit, quel est l'avenir des « cultural heritage » dans le panorama actuel de diffusion des biens informationnels ? Comment se construit l'héritage culturel d'une communauté professionnelle, musicale, d'un quartier ou d'un site architectural ? Qu'est-ce qui peut différencier la production ouverte ou collaborative, reposant sur le principe de la sagesse des nations et sur l'usage des outils issus du web 2.0 de la production enclosée , « expertisée » et institutionnalisée ?

Dans ce projet, nous souhaitons donc étudier les modes de production et de diffusion du patrimoine culturel local, ce que les anglo-saxons nomment « cultural heritage », et qui se rapproche pour nous de la « culture populaire ». Bien que ce terme soit empreint d'un sens péjoratif, nous l'utiliserons dans le sens où nous nous intérrogerons sur le résultat de la transformation de savoirs, de pratiques ou d'expériences issus de l'activité quotidienne d'une communauté (professionnelle ou locale) en patrimoine commun et constitutif d'une forme l'héritage culturel. Comment la récolte des savoirs ouvriers de l'arsenal devient-elle une part de l'héritage brestois ? Qui participe à ce processus ? En suivant quels canaux et en utilisant quels outils ?

Comment s'appréhendent les contributeurs à wiki-brest dans la production et la diffusion d'une certaine image de Brest par rapport aux productions institutionnalisées par les services de la culture et du tourisme de la mairie ? Et vice-versa quelle perception ces services ont-ils de la production de wiki-brest ?

Le contexte scientifique et méthodologique : le projet Bicoop.

Ce projet s'inscrit dans un projet plus global, le projet Bicoop dont la première phase (exploratoire et conceptuelle) est soutenue par l'Institut Telecom. Nous nous interrogeons sur ce qui motive les professionnels d'une organisation publique ou contribuant au service public à mettre à la disposition du plus grand nombre des biens, de type informationnel, réservés auparavant à un public choisi et à s'impliquer dans des productions collaboratives ouvertes (grâce à l’utilisation d’outils de publication sur Internet). À ce titre, nous souhaitons : (i)rendre compte de l'état actuel des productions et réseaux collaboratifs des biens communs informationnels ; (ii)modéliser ces dynamiques en marche (chemins parcourus, paliers ou étapes) ; (iii)discerner ce qui motive acteurs et institutions qui font ce choix d'une extension des biens publics vers des biens communs ; (iv)analyser freins et éléments facilitant de cette évolution dans le domaine des acteurs des services publics.

Dans la démarche que nous proposons ici, il s'agit de confronter plusieurs point de vue autour de la production et de la diffusion de l'héritage culturel d'une communauté locale Brest et des micro-communautés qui la composent (ex. quartiers, arsenal, etc). Cette phase, financée par l’Institut Telecom est en cours et doit se prolonger pour un an. L’objectif de cette étape est la production d’une méthode d’enquête et d’une grille d’analyse qui lui permettra d’investiguer les axes thématiques identifiés. Cette étape préliminaire doit permettre un travail d’échanges et de réflexions théoriques interdisciplinaires et pluri-sectoriels. Nous souhaitons notamment élaborer un questionnaire qui pourra être aisément administré auprès des instances en charge de mission de service public. À ce titre, cette enquête devrait comprendre une partie générale propre à l’ensemble des structures et une partie modulable pouvant tenir compte des particularités sectorielles.

La richesse des méthodes de collectes de données devrait permettre cette modularité. Pour développer notre étude, nous avons identifié 5 axes thématiques, dont la production de biens publics informationnels de type politique par les collectivités territoriales. Il s’agit de la production de biens publics informationnels de types bibliographiques, biographiques ou culturels par les institutions publiques telles que les structures de lecture publique, d’archives ou les musées ; la production de données naturalistes ou environnementales notamment autour des problématiques du développement durable ; la production de biens publics informationnels liés à l'accès public à Internet ; la production des données juridiques liées notamment aux secteur des banques de données juridiques et à la propriété intellectuelle sur Internet.

Description de l'enquête.

Sur la base du protocole d’enquête élaboré dans la première phase, nous souhaitons mener nos investigations auprès d’un échantillon d'associations ou d'institutions positionnées dans la production et la diffusion de cet héritage et de services locaux investis également dans ces processus.

Ce travail comportera plusieurs actions :

  • 1)identification des acteurs et selection des cibles pour les entretiens.
  • 2)Élaboration d'une grille d'entretien à mettre en oeuvre auprès des acteurs identifiés.
  • 3)Entretiens et observations in situ. Il s’agira de recueillir un certain nombre d’information propre à cerner le contexte dans lequel les données informationnelles sont produites.
  • 4)Traitement et Analyse de l’enquête.
  • 5)Rédaction du rapport. Ce travail viendra alimenter le travail général mené dans le cadre du projet Bicoop. Il servira notamment dans l'élaboration du protocole d'enquête.
  • 6)Valorisation (auprès des instances de recherches et auprès des partenaires son scientifiques). Un tel travail pourra ainsi être présenter et partager avec d'autres structures locales, nationales lmais aussi s'ouvrir vers d'autres régions d'une monde préoccupées par la préservation des héritages culturels.
  • 7)C'est pourquoi, ce travail de terrain s'adossera également à une réflexion autour de la notion d'héritage et de patrimoine. Il s'agira donc d'un s'interroger sur la nature et le statut des biens prouits.

Démarches et résultats attendus.

  • Identifier les acteurs associatifs et institutionnels impliqués dans la production et la diffusion des cultural heritage.
  • Identifier et décrire les acteurs individuels et collectifs concernés par les décisions et actions de production collaborative de biens informationnels.
  • Décrire les organisations concernées : (culture organisationnelle, histoire, domaine d'intervention, mais aussi origine des ressources, structure hiérarchique, mode et modèle de gestion, etc).
  • Rechercher les facteurs et les freins de l'adoption de méthodes de production collaborative ouverte de biens informationnels dans le cadre de l’exercice des missions des collectivités territoriales.
  • Recueillir les discours produits par les professionnels sur leurs pratiques et l'expérience des interactions qu'ils entretiennent dans le cadre de leur activité.

Décrire le(s) mission(s) des services publics, leur évolution et leur perception par les professionnels qui les composent.

  • Expliquer la dynamique qui conduit les acteurs à choisir entre la production ouverte et l'enclosure.
  • Décrire les relations entre les professionnels des collectivités territoriales et les publics concernés. (notion de service public, de bien public, d'intérêt général, de gouvernance)
  • Identifier et décrire les réseaux (expert, profane, pro-am) qui se développent.

Comprendre le sens donné à ces biens par les professionnels des collectivités territoriales et par les membres des associations.

  • Décrire les pratiques exercées dans le cadre du service public et des associations en vue d'identifier les trajectoires de production de ces héritages et la construction de valeur.
  • Établir une grille de valeur permettant de tester l'efficience du service rendu : rapport entre les biens produits ou les services livrés et les ressources utilisées.
  • Recueillir les discours, arguments, jugements des acteurs quant à la nature des biens qu'ils produisent et/ou qu'ils co-produisent.
  • Analyser l'évolution des modes de production et en particulier les nouvelles formes de la fonction éditoriale (sélection des contenus, co-évolution de l'offre des contenus en interaction avec les producteurs consommateurs).
  • Identifier les changements organisationnels liés à l'adoption de nouveaux modes de production de biens informationnels.
  • Recueillir les points de vue (discours, arguments, jugements) des acteurs impliqués dans des actions de productions collaboratives quant à leurs relations sociales avec leurs partenaires professionnels, leurs collègues ou leurs supérieurs.
  • Observer les conditions de production de contenus ouverts et de biens communs et la manière dont les biens produits sont utilisés par les acteurs concernés.
  • Expliquer le rôle et la place des dispositifs techniques utilisés (Niveau d’intervention possible sur les contenus et leur format, interactivité, caractère collaboratif, coût cognitif d'entrée, niveau de création possible, niveau d’appropriation possible)